LE CHACUN POUR SOI ALLEMAND S'ACCENTUE, par François Leclerc

Billet invité.

Les pourparlers en vue de constituer une coalition s’annoncent décidément périlleux, tant pour Angela Merkel qu’Emmanuel Macron qui s’accroche. Sans attendre le démarrage des négociations, Christian Lindner, le leader du FDP, vient de tracer ses lignes rouges dans une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Pas question de FMI européen et de tout ce qui va avec ! Ni de garantie européenne des dépôts bancaires, même une fois les bilans des banques nettoyés, faute de confiance dans les stress tests ! Les propositions de Wolfgang Schäuble sont balayées. Un MES reconfiguré à la mode de ce dernier comportera toujours le danger que les partisans de la politique allemande dite de stabilité soient mis en minorité.

Enfin, ayant été favorable à la sortie de la Grèce de la zone euro, lorsque cela s’est joué à un cheveu, Christian Lindner s’inscrit dans cette logique en préconisant l’instauration d’une loi d’insolvabilité assortie d’une réglementation facilitant une telle issue.

Le futur ministre des finances – peut-on en douter ? – se déclare prêt à négocier dans son interview, mais à condition que les principes de base du FDP soient respectés. Cela ne laisse pas une grande marge de manœuvre à Emmanuel Macron, dont le programme initial est pulvérisé. Il avait souhaité qu’il n’y ait pas de lignes rouges infranchissables afin de pouvoir s’immiscer dans les négociations allemandes, mais c’est mal parti. Lui-même n’a-t-il pas catégoriquement rejeté le principe d’un bail-in automatique des banques, une demande insistante du testament de Wolfgang Schäuble, comme lui rétorque Christian Lindner ?

Bon courage pour la suite ! Les Britanniques ne veulent pas payer ce qui leur est demandé pour quitter l’Union européenne et les Allemands ne sont pas davantage prêts à financer la pérennité de la zone euro. Chacun pour soi et dieu pour tous.